Un roman sur le «7rig» fait un tabac aux Etats-Unis
«De l'espoir et d'autres dangereuses poursuites» : «hrig», prostitution, corruption, injustice, ce premier roman de Laila Lalami, linguiste marocaine
installée dans l’Oregon, aux Etats-Unis, a eu les honneurs de «Newsday», «Elle
magazine» et le «Washington Post». Bien parti pour un joli
succès !
«Quatorze kilomètres». La première phrase du livre
de Laila Lalami est chargée de sens. Le lecteur marocain n'aura pas de
mal à deviner qu'il s'agit de la distance séparant le Maroc de
l'Espagne. Quant au lecteur américain, premier à découvrir Hope and
other dangerous pursuits (*), il découvre une perspective migratoire
nouvelle. Ce premier roman de Laila Lalami,
une linguiste de trente-sept ans vivant dans l'Oregon, a été
positivement
accueilli par la critique. Pas de surprise donc à retrouver le livre
dans
les colonnes de Newsday, de Elle magazine ou encore du Washington Post.
Quatorze kilomètres donc. Pour beaucoup, c'est cette distance qui sépare
certaines personnes de leurs rêves, ou de ce qu'elles croient être
leurs rêves.
Ses personnages, embarqués sur une patera, auront tous une deuxième
chance
Mais si la traversée du détroit de Gibraltar peut être celle
de tous les espoirs, elle est d'abord celle de tous les désespoirs. D'abord,
celui de Murad, le jeune diplômé en littérature anglaise,
connaisseur de Paul Bowles et faux guide à ses heures perdues.
Halima, la femme de ménage battue par son mari, résolue à risquer
sa vie et celle de ses enfants pour «vivre et non plus survivre».
Aziz, le chômeur, qui rappelle des dizaines, des centaines de personnages
qui hantent nos rues et arpentent les bureaux à la recherche d'un emploi.
Faten, jeune fille qui a été expulsée de la faculté après
avoir échoué deux fois.
Chacun a ses raisons de partir. Chacun réunit la somme nécessaire
comme il peut. Tous se retrouvent sur la même patera.
La traversée à bord de la patera constitue en fait le début
du récit. L'auteur suit ses personnages, leurs peurs, leurs rêves
et leurs échecs. Mais les personnages de Laila Lalami ont miraculeusement
droit à une seconde chance. «Je pense que mes personnages ont un
choix. Je n'ai jamais pensé à eux en tant que victimes alors que
j'écrivais le livre. Ils ont fait un choix de conscience de changer leur
présent. La traversée nécessite un planning à l'avance
et... beaucoup d'économies», a commenté l'auteur, dans une
interview à la radio américaine.
Ce qui commence comme une histoire sur l'émigration clandestine change
de cap au fil des pages, telle la patera qui évite les écueils,
et ouvre des fenêtres sur des vies, des problèmes; en somme, les
mille raisons de partir. Le chômage à travers Murad, l'injustice
par le biais de Halima, la religion par Faten, la corruption par Larbi, le tabou
de l'homosexualité par Lahcen. Chaque personnage interpelle et donne l'occasion à l'auteur
d'aborder des sujets qui lui tiennent à cœur.
Le livre se lit d'une traite. Le style de Laila Lalami est fluide, ses phrases
courtes. Çà et là, des mots en marocain replacent le lecteur
dans le contexte. On notera une perle dans le chapitre intitulé «Le
fanatique», où l'équipe de football du Raja est décrite
comme une équipe r'batie.
Hope and other dangerous pursuits vient de sortir aux Etats-Unis mais il est
déjà fort d'une publicité renforcée par la popularité du
site web de l'auteur : moorish girl (www.moorishgirl.com), décrit à maintes
reprises comme l'un des meilleurs weblogs ou blogs littéraires par les
sites spécialisés (voir p. suivante). Une traduction en français,
néerlandais, espagnol et italien est en cours. En attendant, Laila Lalami
travaille déjà à l'ébauche de son prochain roman,
dont l’intrique se situe entre le Maroc et les USA dans les années
90. Sortie attendue pour 2007.
Najlae Benmbarek publié le 30/12/2005
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